« Les crises, les bouleversements et les maladies ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie. » (Carl Jung)
Le Centre d’art et de photographie de Lectoure, comme la plupart des centres d’art, respire au rythme des saisons et les répercussions de ce printemps se feront sentir à retardement… Le désarroi met du temps à s’effacer et possède ce potentiel négatif à saper le désir et l’énergie de chacun. Nos projets ont été mis à mal, la grande vulnérabilité du secteur des arts visuels a ressurgi comme un puits sans fond et les mesures de sauvetage pour venir en aide aux artistes sont insuffisantes et méprisantes au regard de certains secteurs culturels. Sans vouloir activer les polémiques et relancer la guerre des « secteurs culturels », on doit souligner qu’au sein du cercle étroit de nos espaces de confinement, la culture et son accès dématérialisé sont bien apparus comme un besoin essentiel, pourtant oublié des discours politiques et encore plus des écrans télévisés.
Les références de la veille nous semblent dérisoires et obsolètes. S’adapter et rebondir… Oui sans doute mais pas n’importe comment… En essayant si possible que notre quotidien se rapproche de nos convictions.
L’ensemble des échelles institutionnelles fragilisées par ce choc monumental ouvre la possibilité d’actions nouvelles. Elle rappelle notre précarité, elle nous interroge sur le sens de la vie. Cette pandémie est aussi un profond et irréversible ultimatum de la nature. Écoutons-la…
Nous voilà ‘presque déconfinés’… Volontairement nous empruntons le titre du « Salon qui reçoit » (du 22 mai 2020) initié par Thérèse Pitte et Philippe Pitet pour évoquer cette phase entre-deux, mi-figue mi-raisin, de sortie progressive du confinement imposé par la lutte contre le virus Covid-19.
Peu à peu, nos activités au centre d’art reprennent en mettant en place d’autres modalités d’action et une forme « présentielle » en pointillée. J’ai remarqué qu’une phrase revient en ce moment dans la communication des lieux culturels qui accueillent du public : « dans la mesure où la situation le permettra, nous vous proposerons des temps de rencontres, d’échanges, d’ateliers de création… ». L’impératif sanitaire, la lourdeur des normes précisées par les différents protocoles de reprise d’activité modifient sans communes mesures nos manières de faire. Cher public, prenez le temps de les lire s’il vous plait, vous comprendrez mieux cette transformation de notre quotidien de salariés d’un centre d’art et la complexité d’accueillir des publics si l’on veut être « dans les clous ». Ces protocoles ont et vont avoir des effets psychologiques et physiques pernicieux sur notre quotidien, à la maison, au travail, dans nos rapports avec les autres. Affaire à suivre…
Un centre d’art est un lieu de partage et de sociabilité. Actuellement, on nous propose un monde où la « distanciation sociale » prévaut et où le port d’un masque est vivement conseillé. Cherchez l’erreur…
Le risque serait de jouer la comédie en continuant « comme avant » comme si de rien n’était, comme si rien ne s’était passé. L’équipe du CAPL scrute le ciel… Et invoque les forces guérisseuses… Le coronavirus aura-t-il fait ses valises en juin ? En juillet peut-être ? Une chose est sûre, le coronavirus a eu raison du scénario initial imaginé pour L’été photographique, reporté si le ciel est avec nous pour l’été 2021. Nous aurions pu – il eut été plus raisonnable peut-être –, décaler notre programmation de printemps à l’été… Mais la raison n’est pas notre fort et cette situation inédite est l’occasion, et saisissons-là, de faire table rase de nos habitudes et d’imaginer d’autres possibles en continuant à partager des projets et des œuvres. Sans oublier les artistes qui survivent difficilement en ces temps d’incertitude.
Cet été, nous prenons le parti d’expérimenter « le circuit court » et de mettre en avant une scène régionale ainsi que des projets réalisés lors de résidences en région Occitanie. Le virus raffolant des lieux clos, nous vous proposons un seul lieu d’exposition en intérieur : le Centre d’art et de photographie. Ayant fait le constat que nos libertés fondamentales d’aller et venir à notre guise avaient été fortement malmenées pendant le confinement, nous avons conviés des artistes à travailler au grand air, dans l’espace public et vous pourrez, à partir du 25 juillet, découvrir ces projets au fil de vos déambulations dans Lectoure !
Vous remerciant pour l’attention que vous aurez prise à lire cette longue missive ! Promis, plus court la prochaine fois…
Marie-Frédérique Hallin, directrice du Centre d’art et de photographie de Lectoure
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