Sylvaine Branellec, Anna Fayard & Germain Berdié, Catherine Gfeller, Sandrine Marc
25.04 > 01.06.200
Sur le thème Où vont les pas ?, Cheminements 2009 propose un parcours de cinq expositions : à Monfort, la vidéo Directional Piece de Catherine Gfeller livrera la paisible chapelle Saint-Blaise, perdue dans la campagne, à la cohue des trottoirs de New York, tandis qu’une maison du village accueillera trois blocs d’images photographiques – Passants, Magasins, Noces – de Sylvaine Branellec.
Présentée pour la première fois en vraie grandeur, l’installation vidéo Les Frayeuses de Catherine Gfeller déploiera ses six écrans dans la Vieille église de Saint-Clar : “Des femmes marchent en boucle sur le sable, dans la forêt, dans les villes (…). L’équilibre est à trouver entre la respiration, le débit de la parole, l’allure des pas et l’attache de l’ombre.”
Au Centre de photographie de Lectoure, Sandrine Marc réunira sur le thème Où vont les pas ? des vidéos et des ensembles de photos issues de différentes séries. Les déplacements, les flux, les mouvements des corps et leur interaction avec l’espace urbain forment la matière de l’œuvre de Sandrine Marc. Au rez-de-chaussée sera projetée la vidéo Anacrouse d’Anna Fayard, chorégraphe, et Germain Berdié, plasticien. Anacrouse met en scène un danseur qui révèle un espace par le temps qu’il donne à sa traversée.
Au-delà de la thématique commune Où vont les pas ?, ces artistes sont liés par une démarche commune qui consiste, au-delà des images qu’ils produisent sur les rapports à l’espace des marcheurs et des passants, à concevoir l’exposition comme un espace construit pour le spectateur. De telles démarches impliquent pour les artistes un rapport novateur aux images qu’ils font, qui ne sont plus l’aboutissement mais le matériau de leurs œuvres. Ils les assemblent et les recyclent, les manipulent, associant naturellement tirages sur papier et projection, photo et vidéo, passant de l’une à l’autre, transformant des images fixes en images animées et réciproquement. Ce rapport à l’image est en lui-même annonciateur de nouvelles formes artistiques. En rupture avec celui qu’entretiennent actuellement la plupart des artistes à leurs productions photo ou vidéo, il donne toute sa fécondité au concept “d’image moderne” défini par Alain Fleischer.
Cheminements est organisé par le Centre de photographie de Lectoure en collaboration avec les associations Culture Portes de Gascogne, Arbre et Paysage, Camin’art, La Cambiole, Festy’s Monfort, Patrimoine monfortois, l’Association monfortoise pour l’animation touristique, le Foyer rural de Samatan, le Conseil intercommunal des jeunes du Savès, l’Office de Tourisme de Samatan, le Syndicat d’initiatives de Lombez, le Centre du Sarthé, le CAUE 32 ; en partenariat avec le Pays Portes de Gascogne, le Forum de l’image, la Cellule, les communes d’Avezan, Lectoure, Magnas, Monfort, Miradoux, Samatan, Saint-Clar, les communautés de communes du Savès et Cœur de Lomagne ; avec le concours de : Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture.
Cheminements reçoit le soutien du Conseil régional Midi-Pyrénées et du Conseil général du Gers.
Remerciements : Comité des fêtes de Monfort, à tous les bénévoles.
Sylvaine Branellec à la Maison Labat à Monfort
Les Passants – Ces images ont été prises sur le vif, au ras du sol sur les trottoirs de la ville.
Des passants, de leur activité, de leur déplacement, de leur vie et de leurs couleurs, ne reste plus que la masse sombre des jambes, des silhouettes noyées dans le noir épais et liquide de l’ombre du contre-jour. Ces passants semblent alors faits de la même matière que celle du goudron luisant qui se répand sur toute la surface de l’image.
Les Magasins – Architecture rudimentaire et systématique des grandes surfaces périurbaines. Hangars en tôle décorés d’enseignes électriques colorées. Parkings déserts. Les enseignes sont pourtant restées allumées. Tout est conçu pour accueillir la foule, le vacarme, mais à cette heure de la nuit, rien ni personne. Plus que le silence. C’est précisément à ce moment là que ces lieux deviennent fascinants, presque beaux. Le protocole de prise de vues s’impose aisément, photographier ces grandes façades en pleine face. Choisir le point de vue purement descriptif, l’absence de perspective. Ces grands halls rectangulaires sont alors réduits à l’existence de leur seule façade. Un décor de carton derrière lequel rien ne se passe. Non pas des volumes habitables, mais des grandes surfaces planes, de grands prospectus publicitaires. Fascinants comme le vide.
Les Noces – Tandis que le texte explore l’espace clos du cercle, les photographies explorent la danse, le mouvement, l’espace ouvert. Le lieu du texte est celui d’une petite place fermée à l’intérieur de lotissements d’habitation. C’est celui de l’enfance et de son souvenir vague et complexe. Le lieu des images est celui d’une vaste zone portuaire, marquée par le délabrement et une certaine forme d’abandon, offerte aux transits, aux passages, aux flux des marchandises.
Sans se rejeter dans leurs antagonismes, ces deux espaces se polarisent lorsque l’artiste les désigne comme étant les lieux du retour à soi et de la recherche d’un absolu.
Le lieu du texte est un espace consacré, celui de la scène de théâtre, là où se jouent les mythes, tandis que celui des photographies est un espace de transition, anonyme, public. Dans les deux cas, ce sont des espaces vides qui réclament qu’une existence humaine y vienne faire sens.
À travers Les Noces, et en écho à l’œuvre dwe Camus – “Noces à Tipaza” et “Le vent à Djemila” –, il s’agissait de célébrer une entrée en création par le biais du récit d’un souvenir d’enfance, d’une initiation à l’errance, à la solitude et à la recherche.
Anna Fayard & Germain Berdié au Centre de photographie à Lectoure
« Anacrouse, réalisation vidéo, est une interprétation personnelle, inspirée de (M)artha, étude chorégraphique d’Anna Fayard. La séquence a été créée à partir du mot étreinte (étymologie : étroit, détresse). Elle met en scène les couloirs de l’internat Nitot à Pau. L’architecture du lieu présente un espace où le danseur pourrait se projeter pour inventer un geste, allant vers le mouvement dansé, afin de révéler cet espace, par une temporalité donnée au corps qui le traverse. Espaces moteurs de mouvements ; mouvements moteurs d’espace. » Germain Berdié
« Je souhaitait que la vidéo de Germain Berdié soit une interprétation personnelle plutôt que le reflet de ma recherche chorégraphique. Je lui ai demandé de danser avec moi afin de creuser et traverser corporellement la matière explorée : l’étreinte. La présence du musicien–compositeur Yves Henry Guillonnet contribuait à ouvrir l’espace sonore et scénographique de cette collaboration. L’interprétation du vidéaste transcende le propos et lui redonne toute sa lisibilité dans une discrétion totale. Anacrouse est une figure de danse transposée dans un espace social et, comme son nom l’indique, elle est la suspension musicale qui précède le pas dansé à venir. » Anna Fayard
Vidéo réalisée pendant la résidence de recherche chorégraphique de (M)artha à propos de l’étreinte (2006), Théâtre Saragosse et Germea, Pau. Avec le concours de Vertugadin.
Catherine Gfeller à la chapelle Saint-Blaise de Monfort et à la Vieille église de Saint-Clar
Après s’être concentrée pendant plusieurs années sur le paysage des déserts, Catherine Gfeller choisit New York pour se tourner vers le paysage urbain; elle crée de longues “Frises urbaines” dans des compositions horizontales ou verticales. Obtenues par montages, collages et superpositions d’images, celles-ci recréent un univers urbain à la fois proche et éloigné de la réalité de New York. Puis l’artiste s’installe à Paris et crée de larges ensembles qui mêlent éléments architecturaux et personnages.
Depuis peu, Catherine Gfeller explore la vidéo et le son pour traiter de sujets plus personnels. Ses dernières pièces (installations vidéos, installations sonores et projections) sont de véritables univers romanesques : en mélangeant les données autobiographiques et fictionnelles, elles évoquent la vie intérieure de personnages proches de nous aux prises avec leur quotidien ou en interaction avec le défilement de la ville.
Directional Piece – Les neufs parties qui composent Directional Piece sont autant de cœurs qui battent, se diffractent et “pulsent” au centre névralgique de New York. La saturation extrême est une clé de lecture qui ouvre des chemins au milieu du tohu-bohu de Times Square. La rapidité de vision, la vitesse de perception, l’accélération du défilement vont presque à contre-courant de la lisibilité de la scène. Les mouvements de la caméra nous plongent dans une expérience sensorielle intense. Le hasard des configurations urbaines et humaines, le mélange des vêtements, des chevelures, des couleurs, des silhouettes, les buildings incandescents et clignotants, le trafic incessant forment un paysage mental.
Les Frayeuses – Le cycle vidéo Les Frayeuses se distribue sur six grands écrans échelonnés dans l’espace d’exposition. Sur les films projetés en boucle, des femmes marchent, sur le sable, dans la mer, dans la forêt, sur le macadam parisien ou le long de la Cinquième Avenue à New York. Bien qu’elles aient toujours un pied sur leur ombre, elles ne parviennent pas à se rattraper elles-mêmes. La répétition des pas rend le sol plus mouvant que le corps et remet en question les points de repère spatiaux, provoquant chez le spectateur un dérèglement de la vision, une confusion des sens: le sol semble être en mouvement et les jambes qui défilent le point fixe, tandis que le ciel s’est renversé sur la terre. On doute même de l’identité de l’ombre : est-elle liée au corps qui la porte ou va-t-elle à son propre rythme ?
Les bandes sonores créent une atmosphère trouble et entêtante : chuchotements, couches superposées de respiration, phrases de Duras, notes personnelles qu’un débit rapide de lecture font basculer dans l’incompréhensible : l’œuvre ne donne pas d’informations mais crée un état mental, mi-interne, mi-externe.
Le déploiement des grands écrans dans l’espace crée une atmosphère onirique : le spectateur peut voir simultanément les six écrans mais doit s’approcher de chacun pour entendre le son.
L’exposition à Saint-Clar permettra de voir pour la première fois Les Frayeuses dans le dispositif prévu par l’artiste sur six grands écrans suspendus dans la Vieille église. Ce n’est que sous cette forme, qui lui donne toute sa dimension, que cette pièce peut révéler sa singularité en enveloppant le spectateur dans un espace visuel et sonore complexe.
Dans le parcours artistique de Catherine Gfeller, Les Frayeuses est une œuvre charnière qui ouvre une nouvelle veine : après quinze ans de travail sur l’espace public urbain – silhouettes humaines dans l’architecture de la mégapole – l’artiste se lance dans une exploration intensément sensorielle d’un univers intime.
Sandrine Marc au Centre de photographie à Lectoure
« On a ce sentiment que peu importent le lieu, la nationalité, la langue parlée, une ville est une ville, un homme est un homme.
Sandrine Marc parcourt le globe et emprunte des images des pays. Ces lieux inconnus, pour elle comme pour nous, paraissent presque familiers sous son angle de vue. Il y a en effet des caractéristiques propres à toute ville : le bruit, le mouvement, le monde, le béton…
Retrouver ces éléments n’importe où peut être rassurant mais c’est un fait, tout ceci nous échappe, le ville est insaisissable.
Les mégalopoles sont habitées par des fantômes qui disparaissent en un battement de cils.
Ils apparaissent en flou sur les tirages.
Les photographies de Sandrine Marc ont été sélectionnées dans sa banque d’images pour leur atmosphère, leur impression. Mises bout à bout elles parlent d’elles-mêmes, se passent de mots.
Plus qu’une narration, ces photos nous livrent des sentiments, des impressions, une certaine intimité nous est dévoilée.
Il n’y a pas de fil conducteur. La mélancolie et la solitude font face à la plénitude et à l’innocence.
Des couleurs sombres et des escaliers sans fin évoquent le cauchemar tandis qu’un lever de soleil au petit matin semble onirique.
Les images sont ouvertes, le regard est omniscient, ce qui permet au spectateur d’avoir sa place. »
Emmanuelle Guillard, 2008
Flux – La ville est une scène. La rue, un espace de co-présence. Apparition. Disparition des passants. Mes recherches traitent de la représentation de l’espace urbain, et de son appréhension par les hommes. Je m’intéresse aux déplacements, aux mouvements des corps et à leur interaction avec le décor, fascinée par l’aptitude de la photographie à figer le temps pour révéler l’invisible, par la part imaginaire qu’elle introduit dans les images.
Après avoir découpé, prélevé, m’être appropriée par la prise de vue des fragments “choisis à un instant déterminé, dans un continuum de potentialités”, je passe à l’étape suivante qui consiste à regarder, trier, jeter, nommer, archiver, assembler, articuler des images devenues isolées, dénuées de contexte. Les mettre en séquence est la condition pour les faire exister, les donner à voir.
Le Centre de photographie de Lectoure présente sept ensembles d’images réalisées entre 2004 et 2008. Différents formats, de la carte postale à l’affiche, ponctuent le parcours. Images fixes et images animées témoignent des variations de la distance entretenue au sujet et du processus d’élaboration du travail. Les images elliptiques donnent libre cours à l’imaginaire du spectateur.
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