Cheminements, Quelque part

Grégory Edelein, Valentine Vermeil
04.04 > 07.06.2015

La création est toujours une forme de cheminement quelque part, et ce titre désigne ici au moins deux choses : le lieu où ont été prises, mais également l’espace où le travail artistique se construit. Il s’agit donc à la fois d’un territoire physique, cerné, géographique, mais aussi d’un espace de création, de recherche et de confrontations ; un espace mental, imaginaire, tout autant pour l’artiste, pour les participants que pour les visiteurs de l’exposition.

D’emblée le travail de Valentine Vermeil affirme ce quelque part comme un territoire réel, physique, avec ses limites et ses réalités tangibles. Ce territoire qu’elle a arpenté à plusieurs reprises, Israël, n’est cependant pas ici le support d’une quelconque revendication orientée pour une cause ou une autre. Il est au contraire un prétexte symbolique où ses photographies fonctionnent comme des instants pacifiés dans un réel tourmenté.

Comme bien des artistes de sa génération, Grégory Edelein travaille une idée sur plusieurs champs possibles, rebondissant d’un possible à l’autre, un peu comme une recherche lancée sur Internet. Pour cela il prend des photographies, capte des vidéos, brode des drapeaux, envoie des cartes postales, construit des bibliothèques, travaille la sculpture, copie des livres célèbres, traverse l’Europe en vélo… Grégory Edelein développe ainsi un véritable rhizome artistique (entre la Typographie et la Topologie) qui sert de base au voyage proposé aux spectateurs.

– Erick Gudimard, commissaire invité


Valentine Vermeil – BAB-EL, la porte de Dieu

« La première fois que je me suis rendue en Israël, j’emportais avec moi les stéréotypes d’une Terre Sainte issus de reproductions orientalistes du 19e siècle. Je m’étais construit une image mentale correspondant à la symbolique du nom ; la Palestine évoquée sur les anciennes cartes géographiques provoquait en moi un désir de rencontre et de confrontation avec le réel. En voyageant à travers Israël et les territoires occupés, j’ai vu des cultures s’opposer ; une culture musulmane où chaque événement est conforté par la grâce de Dieu, et une culture juive associant l’histoire tragique de son peuple avec un besoin de défense et de suprématie. Aujourd’hui, le territoire est morcelé, c’est le lieu de nombreuses aberrations sociales. Malgré le désaccord de la communauté internationale, les colonies s’agrandissent, les discriminations économiques continuent. Violence et enfermement font partie du quotidien.

Bab-El concerne un pays qui, depuis la nuit des temps est décrit comme celui du lait et du miel ; un pays qui depuis 1948 ne cesse de s’enfermer dans des certitudes à l’égard de ses voisins et de ses habitants. J’aime envisager cette terre comme une gigantesque tour de Babel avant que Dieu ne décide de brouiller les langues et de séparer les hommes. J’aime envisager cette terre où l’Autre serait une part de moi-même, et ses différences mes propres manques. »

valentinevermeil.com

Exposition co-produite par le Centre Photographique d’Île de France de Pontault-Combault et le Centre atlantique de la Photographie de Brest.


Grégory Edelein – ( entre )

« ( entre ) est un projet protéiforme (interventions dans l’espace public, photographies, contrefaçons de livres, investigations historiques, voyage) qui s’appuie sur les qualités spatiales, symboliques, historiques ou politiques du signe parenthèse. J’arpente ainsi, depuis ce signe de ponctuation, un territoire fait de pages, de paysages, un entremêlement d’époques et de pratiques.

En parallèle de ce travail visuel, je me lance dans une recherche autour de l’apparition du signe (XIVème siècle) et de la figure de son inventeur : Coluccio Salutati. Les découvertes que je fais viennent alors contaminer l’ensemble du projet, des touches fictionnelles s’immiscent petit à petit. L’été dernier, le projet « (michi crede) »—voyage à vélo de Bruxelles à Florence pour aller consulter le manuscrit contenant la première parenthèse attestée— fut le moment d’agréger ces différentes facettes. Pour compléter le pa(ysa)ge, je réédite également des copies de livres. Ceux-ci ont pour particularité de n’avoir que leurs parenthèses —avec leur contenu— imprimées. Je contrefais actuellement les 7 tomes de « La recherche du temps perdu » de Marcel Proust, que je relie à la main. L’objectif à long terme est de remplir ainsi, petit à petit, une bibliothèque. Les différentes parties de ce projet peuvent être vues comme une tentative absurde (mais obstinée) d’établir de nouveaux liens entre typo- et topo-graphie. »

gregoryedelein.net

Lors de sa résidence à Lectoure Grégory Edelein a rencontré de nombreux habitants et groupes de personnes pour réaliser des captations vidéo et des photographies. Qu’ils soient ici tous remerciés : l’école primaire Gambetta, la Cité scolaire Maréchal Lannes, le lycée Saint-Jean ; les membres de l’US Lectoure, du club de VTT les Chemins du Lectourois, du club de randonnée Lectoure-Castéra Lectourois ; les volontaires de l’office du Tourisme ; les membres de la Chorale Saint-Jacques ; les habitants du Hameau de Navère, ceux du Boulevard Banel ; les Sœurs du Couvent de la Providence ; le Centre d’art et de photographie ; les Entreprises Fleurons de Lomagne, LIP (société M.G.H.) et Intermarché.