Beatrix von Conta, Anne Durez, f de phosphène, Moser & Schwinger, Picturediting
24.04 > 30.05.2010
À Samatan, Surfaces de contact de Beatrix von Conta est le fruit d’une résidence au lycée professionnel Clément Ader de Samatan.
À Lectoure, l’exposition S’ils se taisent… retrace dix ans du parcours d’Anne Durez.
Le collectif f de phosphène présente ses Images Improbables à Miradoux.
Le film France, détours, tourné par Frédéric Moser et Philippe Schwinger dans le quartier du Mirail à Toulouse pour le Printemps de septembre, est projeté à Avezan.
À Monfort, Picturediting, œuvre collective d’étudiants de l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse, prendra la double forme d’une exposition et d’un journal.
D’expositions en spectacles, de balades en repas champêtres, Cheminements invite à partager découverte de la création contemporaine et moments conviviaux, tout en arpentant le Pays Portes de Gascogne. Le proverbe dogon “Un seul pied ne crée pas le chemin”, fil rouge de cette édition, insiste sur la dimension collective des œuvres et des animations proposées.
Fruit du travail collectif d’acteurs locaux, Cheminements est mis en œuvre par le Centre de photographie de Lectoure dans le Pays Portes de Gascogne pour irriguer culturellement le territoire, soutenir la création artistique et sensibiliser la population environnante à la photographie et à la création contemporaine. Par la diversité des événements proposés lors de cette manifestation (expositions, rencontres avec les artistes, randonnées avec des interventions musicales, spectacles, repas en plein air…), Cheminements invite les publics à se rencontrer en partageant des moments conviviaux et culturels.
Beatrix von Conta – Surfaces de contact
Beatrix von Conta est née en 1949 à Kaiserslautern (Allemagne). Elle vit dans la Drôme.
Elle porte depuis de nombreuses années un regard décalé sur le paysage contemporain dont elle relève avec une distance critique, sans nostalgie, les signes infimes ou marquants d’une mutation en cours. “Chacun de mes ensembles photographiques, avec son vocabulaire plastique singulier, dégage et fabrique en même temps les fondations d’une même histoire : procéder à l’élaboration d’un paysage mental à partir d’une réalité où les paysages choisis portent les empreintes de l’homme ou des aléas du temps.” La présence du miroir et la vision simultanée dans la même photographie d’un paysage et de son contre-champ sont récurrentes dans son œuvre (Miroir aux alouettes, 2004-2005).
En résidence au lycée professionnel Clément Ader de Samatan, Beatrix von Conta a promené dans le paysage des alentours un miroir à taille humaine, “marqueur de paysage et capteur d’images”. Dans la série de photographies ainsi réalisée, l’artiste oppose – ou appose – au réel de ces paysages gersois “le mirage du miroir, dans lequel le passant croise, le temps d’un arrêt, son double, son reflet éphémère. Mais dans le jeu des échelles que lui tend le paysage, l’homme finit par endosser l’habit d’un figurant miniature, au point de confondre reflet et réalité…”
“Ce projet qui pointe la solitude de celui qui traverse le paysage, face au bruit d’un monde toujours en accélération, n’a pas été réalisé en solitaire. Un petit groupe d’élèves du lycée a vécu avec moi l’expérience sans mode d’emploi de ce chantier créatif”.
Projet réalisé dans le cadre de “Écritures de lumière”, programme d’éducation à l’image du Ministère de la culture et de la communication pour développer les pratiques artistiques et culturelles en lien avec la photographie.
Anne Durez – S’ils se taisent…
Anne Durez est née en 1969. Elle vit à Paris.
Photographe et vidéaste, Anne Durez travaille sur les moments d’entre-deux, ces états transitoires où l’esprit est en “roue libre”. L’instabilité de la lumière et du temps, l’identité, le corps pris dans des situations qui ne cessent de le mettre à mal, le mouvement incessant de retour vers l’origine sont des préoccupations centrales dans sa production.
“Chaque ensemble de photographies relève d’expériences récurrentes, de promenades et de rencontres. Mes vidéos se concentrent d’abord sur des gestes effectués machinalement. Puis il s’agit d’observer et de questionner l’incidence sur ces gestes de l’agression du corps par des éléments extérieurs, d’abord dans la nature ou avec des éléments naturels, puis dans l’espace social.”
Cette exposition retrace dix ans du parcours d’Anne Durez et son passage de la photographie à la vidéo. Jusqu’aux Indifférences (2000), le rapport au monde de l’artiste était photographique. En 2001, la nécessité d’introduire le mouvement a mis fin à cette exclusivité.
L’idée du corps comme support de résistance apparaît dans Figure-toi en 2004 et se développe jusqu’en 2009 sous différents éclairages : métamorphoses du visage (Figure-toi, Simo), corps en lutte contre les éléments (Donnant, Donnant #, Mlua), corps en action dans le paysage (Année lumière, Se eles se calam…).
Moser & Schwinger – France, détours
Frédéric Moser et Philippe Schwinger sont nés en 1966 et 1961 à Saint-Imier (Suisse). Ils vivent et travaillent en duo à Berlin.
Après avoir fondé et dirigé ensemble à Lausanne la compagnie “l’Atelier ici et maintenant”, de 1988 à 1991, ces vidéastes appliquent leur expérience du théâtre aux problématiques de l’art contemporain. Leur démarche se situe à un carrefour entre théâtre, cinéma et arts plastiques et aborde de façon récurrente la question du vivre ensemble. En rejouant des scènes extraites du réel ou en reconstituant des faits sociaux récents, ils composent une manière de “fiction historique”, à la fois filmique et sculpturale.
Créé pour le Printemps de Septembre en 2009, France, détours est une transposition de la série télé France, tour détour, deux enfants de Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville (1978). Entre réel et fiction, ce premier épisode tourné essentiellement dans le quartier du Mirail repose sur une série d’entretiens menés auprès d’adolescents qui y résident.
“Ouvrage scolaire du 19e siècle, Le tour de la France par deux enfants était prétexte à découvrir l’histoire et la géographie. En 1978, Godard et Miéville s’en inspirent pour leur série télévisée et proposent un voyage au sens figuré dans les modes de vie des Français. À partir d’entretiens avec des enfants sur leur quotidien, ils formulent un modèle de se penser en tant que sujet dans l’histoire du monde.
Trente ans ont passé, les discours dominants ont complètement changé et les manières de se penser en société trouvent de nouvelles définitions. En reprenant leur mode de questionnement, nous proposons un nouveau type de série qui interroge la France par étapes. Chaque épisode va proposer un point de rencontre entre une situation réelle et une articulation faite de deux termes, au travers desquels la situation est perçue.”
Cet épisode, tourné sous le titre “Devoir et déroute”, laisse la place aux observations et aux projections que les jeunes générations se font, tout en abolissant la distinction réel-fiction. Les artistes construisent un dialogue critique sur les images produites pour rendre perceptible les idéologies qui sous-tendent la médiatisation des faits.
Film réalisé avec le soutien du Printemps de septembre à Toulouse, de la Drac Midi-Pyrénées et de l’Ina.
f de phosphène – Images improbables
Dorothy Goizet, Sophie Le Béon et Benoît Luisière forment le collectif f de phosphène. Ils vivent à Toulouse.
“Ce collectif réunit depuis 2005 des photographes autour de la correspondance. Celle qui emprunte les voies postales ou numériques mais aussi celle qui cherche à créer des liens entre les images et les points de vue au sein du collectif. Tous sont attachés à l’idée d’échanger, de se confronter autour de l’image et de ne plus rester uniquement dans la position du photographe isolé.
Ils partagent un intérêt pour l’exploration du territoire, considéré comme conséquence de nos activités humaines et quotidiennes. En mêlant leurs regards, ils s’interrogent sur les limites des espaces que nous habitons et traversons, cherchent à voir (et donner à voir) comment nous prenons possession de ces espaces et quelles sont les relations que nous entretenons avec eux.
Chacun poursuit parallèlement des recherches personnelles autour de problématiques diverses : l’intime pour Dorothy Goizet, les relations entre la mémoire et l’image pour Sophie Le Béon, paysages et artifice pour Benoît Luisière.”
Assemblages de points de vue multiples, les Images improbables sont construites collectivement, à l’aveugle, en prélevant des morceaux d’espace et en les confrontant.
“Elles sont nées d’une correspondance visuelle, d’un désir de partager un espace malgré l’éloignement. La répétition des éléments urbains ou ruraux sur les territoires que nous traversons nous permet de créer des liens surprenants entre des images prises à des kilomètres de distance.
Chaque photographe prélève dans l’espace qui l’entoure un élément qui s’insérera dans un espace global, où chacun accepte que les limites de son image soient élargies par l’image d’un autre.
Se construit alors un espace inédit, mélange d’étrange et de familier, sorte de vagabondage visuel.”
Picturediting
Étudiants de l’École des beaux-arts de Toulouse
Exposition réalisée par les étudiants en troisième année de l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse assistant au cours de photographie de Françoise Goria : Cécile Amigas, Chloé Bastit, Marion Bessière, Margaux Berrard, Julie Biesuz, Emilie Devin, Audrey Frégolent, Paul Gouron, Hee-sun Kim, Julia Lachaise, Guillaume Lapèze, Camille Lévêque, Amy Maga, Joséphine Mona, Hélène Montero, Chloé Munich, Léa Pagès, Eloïsa Perez, Francesca Russo, Sarah Schpoliansky, Marine Séméria, Noémie Sicard, Constance Thieux, Astrid Van Waren & Zuo Xian.
Réalisé collectivement par des étudiants en 3e année de l’École supérieure des beaux-arts de Toulouse, Picturediting est un montage d’images photographiques qui prend la forme d’une exposition et d’un journal gratuit diffusé à trois mille exemplaires.
Considérée comme un genre à part entière, la juxtaposition d’images ne cherche pas une unité organique, comme le photomontage, ni la dimension narrative des récits photographiques [picture-stories]. À la croisée des deux, cette technique s’affirme comme une forme immédiate d’organisation des images. Si les images peuvent être accolées ou groupées, elles peuvent aussi entretenir des liens plus lâches et entrer en résonance comme au cinéma. Les intervalles entre les images deviennent ainsi actifs et les rapprochements opérés entraînent des déplacements de sens.
On retrouve ce procédé au cœur de nombreuses pratiques artistiques contemporaines : dans l’édition de livres d’artistes, la présentation de diaporamas mais aussi dans les dispositifs d’exposition.