Lettres égarées

Pour ce projet, le Centre d’art et de photographie et la photographe Pauline Thollet sont intervenus auprès d’un groupe de détenus de la Maison d’arrêt d’Agen. L’artiste s’est concentrée sur le sens de l’intimité, le milieu carcéral masculin étant en surpopulation et laissant peu de place à la vie privée.

Les ateliers ont été rythmés par des moments d’écriture, des moments de dessins, des séances dédiées à l’expérimentation par la prise de vue, des échanges sur les travaux de divers artistes, ou encore des moments de collages, découpages, expérimentation plastique, lecture et partages.

Au fil des séances, les participants ont inventé puis adopté la peau d’un personnage, son histoire, sa vision, ses pensées, son environnement, ses forces et ses faiblesses. Ils l’ont cerné en esprit, puis en ont défini les contours physiques, pour pouvoir l’incarner par les morts et l’image. Ils ont défini ce qu’ils voulaient garder de leurs propres histoires, et ce dont ils voulaient se défaire.

L’acte photographique a été dicté par la contrainte d’anonymisation des détenus. Pour donner sens à cet anonymat, de nombreuses techniques et subterfuges d’effacement du visage par la photographie ont été utilisées comme des jeux de lumière, de flou, des altérations plastiques, ou encore des transferts d’émulsion.

À la fin du projet, les participants ont pu découvrir leurs tirages et partager leurs créations lors d’une restitution et d’une exposition au sein de la Maison d’arrêt. Ce travail sera exposé lors de la cinquième édition de l’exposition La photo de classe, en mai 2024 au Centre d’art et de photographie.


Née en 1998 à Perpignan, Pauline Thollet est diplômée de l’ETPA en 2019. Sa pratique photographique est centrée sur la place de l’individu dans le groupe, sur l’articulation des rapports humains, dans les relations amoureuses ou amicales, dans les dynamiques familiales. Elle cherche les signes de « l’être au monde » autant que ceux « d’être à soi ». Elle observe les chorégraphies sociales, ces enchaînements d’adaptations de posture que l’humain adopte pour faire famille ou société. Elle aspire aussi à témoigner de ces espaces d’intimité, déployés dans la sphère privée. Les notions de visible et d’invisible font également partie de ces préoccupations artistiques.

En 2022, elle est diplômée d’un master de médiation culturelle en études visuelles, où elle se concentre à la création de lien entre les publics et le médium photographique et réalise son mémoire de fin d’étude sur la photographie et le deuil. En plus de sa pratique artistique, elle intervient dans des dispositifs d’éducation artistique et d’actions culturelles.

Site de l’artiste


Entre les images est un programme de transmission et d’ateliers de pratique photographique développé par le réseau Diagonal, déployé par un opérateur culturel sur le territoire métropolitain et d’outre-mer impliquant des artistes-auteur·ices photographes. Il s’adresse à tous les citoyen·nes et convoque la fonction civique de l’art et tout particulièrement celle de la photographie pour créer du commun.