Vers le neutre

© Tanja Verlak

Marco Bohr, David Claerbout, Agata Madejska, Sophie Neilson, Olivier Richon & Tanja Verlak

Au sujet de la peinture, Roland Barthes écrit : « …le fond est la toile du peintre ; il est l’image du néant d’où va surgir le réel ; le fond doit donner à voir cette naissance, et c’est même pour cela qu’il ne doit rien signifier par lui-même : il n’est qu’un départ visible assigné aux significations. » S’agissant de la photographie, le fond ne peut être « l’image du néant » car dans une photographie tout renvoie déjà à un réel extérieur.

Cependant il y a des photographies qui tendent vers ce fond insignifiant. C’est cette tendance qui rapproche les œuvres choisies comme expressions variées du travail sur le rapport entre le fond et le premier plan. Sans pour autant réduire ces œuvres singulières à cette seule intention, cette exposition invite à une réflexion sur une certaine inclination vers le neutre dans la photographie. Cette exposition s’offre aussi comme un discret hommage à Roland Barthes à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance – lui qui a écrit sur la photographie et les photographies et qui, de surcroît, était très attaché au Sud-Ouest.

– Francette Pacteau, commissaire invitée


Marco Bohr

Né en 1978 à Wiesbaden (Allemagne). Vit et travaille à Londres.

Au sujet de cette série prise au Japon, Marco Bohr invoque les paysages du graveur et peintre Ando Hiroshige – les premiers plans soignés, les effets de flou, les alternances entre pleins et vides. Ici c’est l’acte de regarder un paysage qui est mis en scène alors que le paysage s’efface.

Marco Bohr étudie la photographie au Canada à l’Université de Ryerson, Toronto puis en Ecosse à l’Université de Napier, à Edinbourg. Il séjourne un an au Japon avant de recevoir un master en études photographiques du Royal College of Art de Londres puis un master en histoire de l’art de l’Ecole d’Etudes Orientales et Africaines de Londres sur la photographie japonaise – un thème qu’il approfondira pour son doctorat obtenu en 2011 à l’Université de Westminster à Londres. Il enseigne la culture visuelle à l’Université de Loughborough en Grande Bretagne.
Ses essais sont publiés dans des recueils, des revues et sur son blog visualcultureblog.com.


David Claerbout

Né en 1969 à Courtrai (Belgique). Vit et travaille à Anvers et Berlin.

« L’attente est la manifestation du temps la plus insupportable car elle implique l’improductivité. Et pourtant c’est cette improductivité qui libère la durée de la valeur marchande attachée aux minutes, aux heures, aux jours. » David Claerbout, «L’artiste étire, éclate les spécificités de la photographie, du cinéma et de la vidéo et nous rend attentifs au temps qui passe, qui se rejoue, aux ombres, aux lumières, aux riens.» Elizabeth Chardon, Le Temps, 11 Juin 2015.

Une rétrospective de son œuvre a été présentée en 2015 au FRAC Auvergne à Clermont-Ferrand, au Musée d’art moderne et contemporain de Genève et au Project Arts Center de Dublin.


Agatha Madejska

Née en 1979 à Varsovie. Vit et travaille à Londres et Essen.

Selon Agata Madejska les objets dans ses photographies sont des « objets-mirages », révélés à notre discernement dans cet instant où un subtil éclairage touche et anime leurs formes en les faisant émerger de l’indifférence où ils étaient relégués.

Diplômée de l’Université des arts Folkwang à Essen et du Royal College of Art à Londres, elle a participé à de nombreuses expositions dont récemment « Conflict, Time, Photography » à la Tate Modern de Londres, à l’Albertinum, Staatliche Kunstsammlungen de Dresde et au Musée Folkwang à Essen (2014 – 2015).


Sophie Neilson

Née en 1987 à Londres. Vit et travaille à Londres.

« Le sujet de mon travail photographique est le jardin pittoresque du XVIIIème siècle conçu comme imitation des peintures de paysage françaises et italiennes du XVIIème siècle. J’ai développé des stratégies visuelles, qui, tout à la fois, s’accordent et opposent une résistance à l’intentionnalité de ces paysages construits. » Là où les perspectives s’ouvrent sur des vues dominantes, c’est la verticalité qui arrête le regard ou bien l’indistinct dans lequel il se fond.

Diplômée du Central Saint Martins College of Art and Design à Londres, elle a obtenu en 2015 un master en études photographiques du Royal College of Art à Londres. En 2015, elle a participé à l’exposition «Tate Staff Summer Show» à la Crypt Gallery à Londres.


Olivier Richon

Né en 1956 à Lausanne (Suisse).

« […] les scènes paraissent non seulement hors temps, mais presque privées d’air, comme si tout ce qui était présenté existait dans un vide, séparé de tout contexte, enlevé à un espace de l’imaginaire ou du fictionnel. » Leslie Dick, « The Discovery of Curiosity », dans Real Allegories, Steidl Verlag, 2006.

Olivier Richon est professeur et directeur du programme de photographie de l’Ecole d’arts plastiques du Royal College of Art de Londres. Parmi ses publications, citons les monographies, Real Allegories, (Steidl, 2006) et Acedia: on Idle Images (Encore, Istanbul) et son livre Kitchen Corner: on Walker Evans à paraitre chez Afterall dans la collection One Work. Parmi les expositions les plus récentes : « Anima Mundi » à la Max Lust Gallery, (Vienne, 2015); « Waren und Wissen », Weltkulturen Museum de Francfort (2014).


Tanja Verlak

Née en 1979 à Ptuj (Slovénie). Vit et travaille à Londres et Maribor (Slovénie).

« En tant que photographe j’observe que l’acte photographique a moins à voir avec la révélation qu’avec l’occultation. »

Diplômée de l’Ecole de Film et Télévision – AMU à Prague et de l’Ecole d’art et esthétique de l’Université Jawaharlal Nehru à New Delhi, elle prépare un doctorat en arts plastiques au Royal College of Art de Londres. Elle enseigne la photographie et son histoire à l’Université de Maribor en Slovénie. Tanja Verlak a participé à de nombreuses expositions parmi lesquelles « Offprint », à la Tate Modern de Londres (2015) et « They are Us: Animal Identity and the Anthropomorphic Urge » au Rick Wester Fine Art, New York (2013).


Jours et horaires d’ouverture

Du 12 décembre 2015 au 27 mars 2016.
Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h.
Entrée libre.


Documents disponibles

Communiqué de presse