L’Été photographique de Lectoure 2017

L’édition 2017

Les expositions : Centre d’art et de photographie Ancien tribunal Cerisaie Halle aux grains Ancien hôpital

Les rendez-vous

Partenaires

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L’Été photographique, c’est également la découverte et la redécouverte de cinq lieux patrimoniaux emblématiques de l’histoire de la ville de Lectoure ayant chacun une identité très marquée. Certains ne sont pas utilisés comme des espaces d’exposition à l’année. Les lieux participent de par leur fonction, leur architecture, leur situation géographique dans la ville, leur odeur et leur texture à la petite histoire et aux trames narratives de l’édition hérissée 2017 du festival estival. La découverte des œuvres au fil de la déambulation de lieux en lieux permet aussi de redécouvrir les lieux qui les accueillent et vice versa.

L’ancien tribunal est situé dans l’Hôtel de ville de Lectoure, ancien palais de l’évêché. Le palais de l’évêché a été construit par des petits artisans de Lectoure et des environs et achevé en 1682. L’évêché comprenait aussi les jardins en terrasses derrière le corps de logis, ainsi qu’une orangerie à l’est. En 1790, l’évêché est vendu comme bien national. Il devient alors la demeure du maréchal d’Empire Jean Lannes. En 1819, sa veuve Louise de Guéhéneuc en fait don à la commune. La mairie, la sous-préfecture, le tribunal de première instance s’y installent. Le tribunal de Lectoure est resté en fonction jusqu’en 2010.


Karen Knorr

Née en 1954 à Francfort-sur-le-Main, Allemagne
Vit et travaille à Londres, Royaume-Uni

Karen Knorr, « High Art Life After the Deluge », série « Academies », 2000 – 2001 © Karen Knorr

Le travail photographique de Karen Knorr a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles à travers le monde, notamment au Musée Carnavalet et au Musée de la photographie contemporaine de Milan en 2010, à l’Adamson Gallery de Washington en 2012, en Inde pour sa série « India Song » en 2014, et à la Tate Britain entre 2014 et 2015.

Figure emblématique de la photographie contemporaine, Karen Knorr appartient, aux côtés de Jeff Wall, à une génération d’artistes qui ont remis en question la nature de la photographie, ne la considérant plus comme une pure expression de la réalité, mais comme une image fabriquée. Elle a été l’une des premières photographes à codifier la photographie dite « mise en scène » au début des années quatre-vingt. Les espaces fictionnels de Karen Knorr, proches de l’univers de Lewis Caroll et d’Angela Carter, se construisent à l’intérieur de lieux prestigieux, belles demeures devenues musées, lieux patrimoniaux et témoins de l’Histoire.

L’Été photographique présente une sélection de photographies des séries « Academies » et « Fables ». L’ancien tribunal se peuple d’une faune étrange ! Renards, cigognes, sont mis en scène. L’objectif habituel de la fable est d’enseigner une leçon en attirant l’attention sur le comportement animal et sa relation avec les actions humaines. Les animaux de Knorr ne sont pas habillés pour ressembler à des humains, il n’y a pas de morale explicite. Ces animaux vivants et empaillés, introduits dans des décors somptueux observent, dans les postures archétypales de l’amateur d’art, les œuvres qui y sont exposées. Libérés, les animaux se déplacent librement sur le territoire humain portant notre attention sur l’écart entre nature et culture. Ces espaces sont autant de prismes potentiels d’histoires tant privées que publiques, réflexifs de notre société que l’artiste s’emploie à faire resurgir.

www.karenknorr.com
En France, Karen Knorr est représentée par la galerie Les filles du calvaire à Paris


Marie Maurel de Maillé

Née en 1978 à Lyon, France
Vit et travaille à Paris, France

Marie Maurel de Maillé, « Sans titre », série « L’Estran », 2008 © Marie Maurel de Maillé

Marie Maurel de Maillé a étudié à l’École des beaux-arts de Saint-Etienne et à L’Universidade do bellas artes de Porto au Portugal. Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles, « l’Estran » à Image / Itmage à Ortez en 2010, « Raiponse » à la Biennale Fotonovo à Tenerife en 2015 et d’expositions collectives, « Donne & Fotografia Dalle collezioni del Craf », à San Vito en Italie en 2016, « Being Beauteous » au musée d’art et d’archéologie de Guéret en 2016, au musée de la Roche-sur-Yon en 2015, au Château d’eau à Toulouse en 2014. « L’Estran » a été publié aux éditions Filigranes en 2010 et « Raiponce » aux éditions nonpareilles en 2012.

La photographie est une hallucination vraie » disait André Bazin. La photographie est spectrale et met en scène des spectres, elle est depuis ses débuts l’allié des fantômes. à travers le médium photographique, je tente de brouiller les pistes, positionnant mes images à la frontière du visible et de l’invisible, du champ et du hors champ, de la réalité et de la fiction, du monde des vivants et de celui des morts.
Marie Maurel de Maillé

Marie Maurel de Maillé travaille dans des lieux d’art (Casa Museo Picasso, Château de Pau, Musée du romantisme de Madrid) et des maisons d’écrivain. Il s’agit dans ces lieux à travers la photographie de réactiver une mémoire, de reconstruire un imaginaire et d’inviter le public à la construction de l’espace fictif. Les photographies de Marie Maurel de Maillé, telles des fictions intimes sont le fruit d’associations mentales complexes et désordonnées. Elles résultent aussi d’un subtil basculement d’une dimension du réel à une autre et le besoin de rendre compte d’une réalité qui nous échappe, des fragments d’existence saisis pour comprendre l’instant présent. Les photographies évoquent une atmosphère, quelque chose qui a été mis en scène, une image fabriquée. « Une inquiétante étrangeté » fugace et discrète surgit par le choix des cadrages, la lumière, les tensions avec le hors-champ, les angles de vue. Elle part d’une présence perdue, mais qui rode et qui révèle quelque chose de l’ordre du souvenir.

L’Été photographique de Lectoure 2017 présente « L’Estran », une série photographique réalisée lors de sa résidence artistique au domaine d’Abbadia à Hendaye en 2008. Elle a été produite et montrée à Image / Imatge à Ortez en 2010.

www.mariemaurel.nuxit.net


Hans Op de Beeck

Né en 1969 à Turnhout, Belgique
Vit et travaille à Bruxelles et Gooik, Belgique

Hans Op de Beeck, « Staging Silence (2) », 2013 © Hans Op de Beeck

Hans Op de Beeck a étudié les Beaux-Arts à Saint-Lucas à Bruxelles. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions tant personnelles (MUHKA à Anvers en 2006, Kunsteverein à Hanovre en 2012, Frac Paca à Marseille en 2013, Moca Cleveland en 2014) que collectives (Reina Sofia à Madrid, The Drawing Center à New York, Museo d’Arte Moderna à Bologne, Kunstmuseum à Bonn, Biennale de Venise). En 2016 – 2017, son travail a fait l’objet d’une exposition rétrospective au CentreQuatre – Paris.

L’artiste flamand Hans Op de Beeck stimule les sens des spectateurs en créant des constructions poétiques et évocatrices de mondes parallèles, entre réalité et fiction. Autant de portes ouvertes sur les mondes fictifs qu’il fait naître à partir de la banale vie quotidienne. À travers l’exploration de pratiques aussi diverses que l’écriture, la mise en scène, le film d’animation, le dessin, la sculpture et l’installation, il développe une forme de fiction visuelle entre ironie et gravité, humour et mélancolie, scrutant la manière dont le temps et le monde nous échappent, offrant au visiteur-spectateur un moment d’émerveillement et d’introspection.

À l’ancien tribunal, l’Été photographique de Lectoure 2017 présente l’œuvre vidéo « Staging silence (2) » (2013). Devant nos yeux se construisent et se transforment ainsi différents paysages minimalistes, dans une économie de moyens et une démarche très poétique. Ces lieux en noir et blanc où la vie est suggérée mais jamais montrée, ne sont plus que des décors animés pour des histoires possibles, des propositions visuelles évocatrices et pouvant être expérimentées et vécues par le spectateur. La bande sonore du film est composée et interprétée par le compositeur-musicien Scanner.

www.hansopdebeeck.com
Hans Op de Beeck est représenté par Galleria Continua à San Gimignano, Peking, Les Moulins et la Havane, Galerie Krinzinger à Vienne, Marianne Boesky gallery à New-York et Galerie Ron Mandos à Amsterdam


Josef Sudek

(1896 – 1976)
Né en 1896 à Kolín, village alors situé en Autriche – Hongrie, a vécu à Prague

Josef Sudek, « From the cycle ‘A walk in the magic garden’ », 1954 © Josef Sudek Gabina Fárová, photo Frac Aquitaine

Josef Sudek était un homme discret et solitaire. Reconnu de son temps dans son pays, il participe à des expositions collectives et personnelles mais n’apparaît pas aux vernissages. Grand amateur de musique, il organise chez lui des « mardis musicaux » où il convie ses amis, dont il a fait quelques portraits, même si les figures humaines ne sont pas son sujet principal. Il est le premier photographe tchèque à être reconnu dans le monde sans être passé à l’Ouest quand, en 1974, deux ans avant sa mort, il est exposé aux Etats-Unis (New York, Washington, George Eastman House à Rochester) et à Milan.

Très jeune, Josef Sudek apprend la reliure tout en commençant à pratiquer la photographie. Appelé en 1915 sur le front italien, il est blessé par une grenade et on l’ampute du bras droit. Il doit alors renoncer à son travail de relieur. Il choisit de devenir photographe, étudie à l’École d’État des arts graphiques de Prague et vit grâce à une pension d’invalidité et quelques commandes alimentaires.

Josef Sudek est influencé les premières années par le courant pictorialiste, qui par divers effets techniques et stylistiques cherche à s’approcher de la peinture. La ville de Prague, va être toute sa vie durant, son sujet de prédilection avec la campagne qui l’entoure. Pendant la seconde guerre mondiale, il entame sa série la plus célèbre, celle de la vue de la fenêtre de son atelier. à travers la vitre, il regarde le jardin et un arbre au gré des heures et des saisons. Josef Sudek nous ouvre un monde poétique, un peu sombre et mélancolique. Autre aspect de l’univers poétique et intimiste du photographe, les objets. Dans son atelier encombré, il en prélève un, deux, trois et réalise des compositions simples, avec un œuf, un coquillage, un verre, une rose ou une poire sur une assiette. On peut voir des accents surréalistes dans une bille qui évoque un œil, dans une vue du fatras de l’atelier où sont suspendus des sacs en toile à côté d’un mannequin sans bras ni tête.

Les œuvres montrées pendant l’Été photographique de Lectoure 2017 appartiennent à la collection du FRAC Aquitaine à Bordeaux


Laure Ledoux

Née en 1986 à Niort
Vit et travaille à Paris, France

Laure Ledoux, « Lécher ses vertèbres », 2012 © Laure Ledoux

Laure Ledoux est diplômée de l’École européenne supérieure de l’image de Poitiers et de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Elle est lauréate du concours UPP – Découverte en 2012, de la bourse d’aide à la création du Conseil général Nord – Pas-de-Calais en 2013. Ses travaux ont fait l’objet d’expositions à la galerie du Club des directeurs artistiques à Arles en 2014, à la Maison des arts à Grand-Quevilly en 2016, à la projection Jeune création, galerie Thaddaeus Ropac à Paris en 2015.

Objet devenu ordinaire, commun à tous, le portrait occupe une grande place dans le décor contemporain de nos existences. Laure Ledoux pratique cet art subtil et merveilleux du portrait photographié, entre sobriété et austérité des poses, attachant une attention particulière aux visages et aux regards, à la carnation mais aussi aux matières et aux couleurs des vêtements de ses modèles. Modalités opératoires définies, minimisation du contexte, du décor, prise de vue en buste, de face, de dos, Laure Ledoux donne rendez-vous à ses modèles, les met en scène, leur propose de revêtir des vêtements trouvés, chinés, achetés, des vêtements qui ne leur appartiennent pas. Cet état de fait métamorphose leur présence au monde et conduit à un léger trouble, un état d’abandon de leurs vigilances, de leurs résistances.

L’Été photographique de Lectoure 2017 présente une sélection de photographies de la série « Lécher ses vertèbres » (2012). Il s’agit de natures mortes, d’une photographie de chouette, de portraits photographiés dans lesquels se dégage, avec cette lumière qui surgit de l’obscurité, comme si elle était entrée par effraction, une forte dimension picturale propice à des trames narratives. Elle flirte avec l’étrangeté et la beauté des corps et des matières. Laure Ledoux joue ici avec les profils, les ombres et les clairs obscurs, porte une attention particulière sur les chevelures, les tissus, les vêtements, la sensualité des matières, les textures, les cheveux, les plumes de la chouette. Un appel décousu à ressentir, à toucher.

www.laureledoux.com
Coproduction Centre d’art et de photographie de Lectoure avec le soutien du laboratoire Photon Toulouse


Delphine Gigoux-Martin

Née en 1972 à Clermont-Ferrand, France
Vit et travaille à Durtol, France

Delphine Gigoux-Martin, « J’ai vu des barreaux je m’y suis heurté », 2008 © Delphine Gigoux-Martin

Delphine Gigoux-Martin a participé à de nombreuses expositions, au Creux de l’enfer à Thiers en 2007, à la Chapelle Saint-Jacques à Saint-Gaudens en 2011 et à l’Abbaye Sainte-Croix aux Sables d’Olonne. Elle expose régulièrement à la galerie Métropolis à Paris. En 2014, son travail fait l’objet d’une exposition au Centre d’art Matarazzo à Sao Paulo, au Centre d’art le Cairn à Digne les Bains. Elle imagine une installation au Musée de la chasse et de la nature à Paris, suivie en 2015 par une performance dînatoire « comment déguster un phénix » dans un taureau empaillé, figé sur un socle en miroir. En 2015, elle participe à l’exposition « Rêve caverne, art contemporain et préhistoire » au Château de Tournon sur Rhône puis à une exposition à IAC Villeurbanne invitée par le Musée de l’Invisible en écho à l’inauguration de la grotte Chauvet.

Delphine Gigoux-Martin travaille à partir de l’espace, de sa lumière, de ses formes ou de ses éléments préexistants et réalise des œuvres in situ, éphémères, adaptées à la topographie, à l’architecture, à l’histoire et la symbolique de l’espace investi. Ancrées dans l’imaginaire, la poésie, l’atmosphère des contes cruels, empreintes aussi d’un humour noir corrosif et d’une réflexion sur les liens entre l’homme et l’animal, les œuvres de Delphine Gigoux-Martin utilisent une diversité de médiums, de matériaux et de techniques, dessins au fusain, photographies anonymes, images animées projetées à partir de dessins, sculptures, objets, animaux empaillés…. Combinées entre elles, elles donnent lieu à une certaine hybridation des formes – entre installation et dispositif.
Lien vital qui unit l’homme à la nature, l’animal est au cœur de sa pratique et nous confronte à nos rapports ambigus avec la nature, la mort, l’animalité. Aux détours de la visite de l’ancien tribunal de Lectoure, Delphine Gigoux-Martin a cru voir dans l’arrière salle défoncée et très haute de plafond, une girafe. Ou plutôt le fantôme d’une girafe oubliée… À l’arrière du tribunal… Il s’agira de rentrer dans la cage de l’animal sauvage, en attente d’un verdict, d’un jugement.
Dans le petit couloir sombre qui mène aux coulisses du tribunal, Delphine Gigoux-Martin propose également une sélection de ses « Photo-Graphies ».

www.delphinegigouxmartin.fr
Delphine Gigoux-Martin est représentée par la galerie Métropolis à Paris
En partenariat avec Mémento, espace départemental d’art contemporain


Sylvain Wavrant

Né en 1989 à Romorantin, France
Vit et travaille à Rouen, France

Sylvain Wavrant, vue d’atelier © Céline Bataille

Sylvain Wavrant a suivi un BTS design de mode, textile et environnement à l’école Duperré à Paris. Il est aussi diplômé de l’école des beaux-arts de Rennes spécialité « design ». En 2013, il crée son entreprise « Sylvain Wavrant » à Rouen et s’associe avec d’autres artistes au sein de l’Ubi, un lieu artistique mutualisé de la cité normande. Il travaille aussi pour le théâtre avec la Piccola Familia. En 2015, il collabore avec Thomas Jolly pour la pièce « Richard III » et réalise cinq parures animales. Son travail a fait aussi l’objet d’expositions comme « La traversée des apparences » au Portique au Havre en 2016, « Roadkill » à la Fabrique des savoirs à Elboeuf en 2017. Sylvain Wavrant est à l’initiative du collectif « les années sauvages » avec lequel il expose sa « Colline aux renards » à l’occasion du festival Normandie impressionniste.

Les mythologies, le chamanisme, Pocahontas, la série Game of thrones et les rêves inspirent Sylvain Wavrant et constituent la matière hautement onirique de son travail. Passionné de mode et de stylisme, c’est un plasticien et un taxidermiste qui transfigure avec flamme et un certain militantisme les poils et les plumes.
La taxidermie comme interrogation de notre rapport à l’animal. « Entre fascination et répulsion, résume-t-il, toujours sur le fil du rasoir. » « C’est un animal qui est mort et que l’on transforme peu à peu pour qu’il devienne en quelque sorte éternel. Je voulais vraiment revaloriser l’animal et dépoussiérer la taxidermie ». Dépeçage, scalpel et tannage à l’aide de poudre d’alun et de gros sel pour la partie technique, à laquelle il ajoutera l’esthétique et la liberté de l’artiste. « On n’est pas obligé de faire du trophée vieillot, on peut valoriser l’animal, raconter une histoire, être au plus proche de la vérité, tout en apportant une touche de fantastique », souligne Sylvain Wavrant.

Pour l’Été photographique de Lectoure 2017, l’artiste est invité à recréer son espace atelier, véritable cabinet de curiosités, dispositif combinant mobiliers, objets personnels, accessoires hétéroclites, collections, photographies anciennes, sculptures animales et imagine un monde au potentiel poétique et onirique puissant.

www.sylvainwavrant.com
Avec le soutien de Peau d’âne, Lectoure